La Libre Belgique 2005 a écrit :
Suède - ENVIRONNEMENT
La Suède aime les voitures vertes
GILLES TOUSSAINT
Mis en ligne le 29/11/2005
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Souhaitant sortir de sa dépendance au pétrole, le gouvernement mène une politique offensive.
En stimulant notamment les biocarburants.
AP
EN SUÈDE
En Suède, plutôt que celle de la Formule 1, c'est la carte du respect pour l'environnement que l'on joue afin de soigner l'image de marque du pays. Conscient de l'urgente nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique, mais aussi du fait que les réserves pétrolières ne sont pas inépuisables, le gouvernement mène en effet une politique offensive dont l'objectif ambitieux est de sortir le pays de sa dépendance aux carburants fossiles d'ici à l'horizon 2020.
Une volonté qui se traduit notamment par une série de mesures en faveur des véhicules environmental friendly et la mise en place d'un réseau de distribution d'un biocarburant baptisé E 85, composé de 85pc d'éthanol et de 15pc d'essence. Avantage de la formule: le CO 2 rejeté dans l'atmosphère lors de la combustion de l'éthanol est compensé par celui qui est absorbé par les plantes lors de leur croissance. En Suède, 25 pc de l'éthanol utilisé est ainsi produit localement à partir de cultures agricoles et de déchets forestiers; les 75 autres pour-cent étant importés depuis le Brésil.
De leur côté, plusieurs constructeurs automobiles (Saab en tête, mais aussi Volvo et Ford) apportent leur soutien à ce développement en mettant sur le marché des véhicules «flexibles», c'est-à-dire dont le moteur peut fonctionner tant à l'essence pure qu'avec l'E 85, à des tarifs sensiblement identiques aux motorisations classiques.
Une politique volontariste
Afin d'encourager le basculement vers les «voitures vertes» et de compenser le surcoût qu'induit la production de biocarburants, le gouvernement a donc pris une série de mesures spectaculaires : parkings gratuits dans une vingtaine de villes (dont Stockholm, Göteborg et Malmö); réduction de 20pc de la taxe appliquée aux véhicules de société; exemption de la taxe de péage urbain et surtout une exemption totale de taxe sur l'E 85. Un litre de ce carburant coûte ainsi 0,76 € contre 1,21 € pour l'essence classique (le diesel étant soumis à une très forte taxation, il représente moins de 15pc du parc automobile suédois). Le parc de voitures des pouvoirs publics passe lui aussi à l'éthanol - l'objectif étant que 50pc de la flotte utilise ce carburant d'ici deux ans -, tandis que deux propositions de mesures supplémentaires sont actuellement sur la table. La première prévoit d'exiger qu'au moins 75pc des stations-service du pays offrent des carburants renouvelables et la seconde envisage une taxation annuelle basée sur les émissions de CO 2 qui reviendrait à accorder 30pc de réduction de taxe pour les voitures propres.
Et cela paie: si les voitures «amies de l'environnement» ne représentent encore que 5 pc du marché, les ventes explosent. Le nombre de stations-service distribuant l'E 85 devrait passer de 320 actuellement à 2500 en 2007, tandis que dans le même délai quatre nouvelles usines de biocarburants devraient s'ajouter à l'unique unité de production qui est aujourd'hui en service. Par ailleurs, les innovations technologiques dans ce domaine sont elles aussi stimulées.
Si la situation d'un pays n'est pas transposable à l'identique dans un autre, l'exemple suédois gagnerait cependant à être médité. Son gouvernement entend travailler activement en ce sens auprès de l'Union européenne.
